Aller à la navigation Aller au contenu
Lettre ouverte

Financement public de l’humour à Montréal: Une blague de mauvais goût pour les 111 festivals indépendants québécois

Par REFRAIN
21 mai 2024

La semaine dernière, ComediHa! a annoncé la mise sur pied d’un festival qui se tiendra à Montréal en juillet afin de combler le vide laissé par le festival Juste pour rire. Les différents niveaux de gouvernement ont rapidement accordé un soutien financier public de plusieurs millions craignant qu'un été sans festival d'humour au centre-ville de Montréal ne soit gâché. Au lendemain de cette annonce, de nombreux festivals peinant à survivre se sont réveillés avec un goût amer.

Non seulement l'écosystème culturel montréalais allait proposer une programmation organique alignée sur les attentes du public, mais de nombreux bailleurs de fonds avaient même initialement assuré aux représentants du Regroupement des festivals régionaux artistiques indépendants (REFRAIN) qu'ils prendraient le temps d'évaluer la situation avant de financer un nouveau festival d'humour à Montréal.

La situation est critique pour les 111 festivals artistiques indépendants qui animent toutes les régions du Québec. À ce jour, plus de la moitié des membres du REFRAIN signalent des réductions totalisant plus de 2 millions de dollars d’aides fédérales, provinciales, régionales et municipales. Plus de 25 festivals n'ont, quant à eux, jamais réussi à obtenir leur part de financement culturel provincial, malgré des preuves convaincantes de leurs impacts positifs sur la vitalité des quartiers et des municipalités.

Montréal est une plaque tournante culturelle grâce à ses grands festivals, et grâce également à tous ses festivals indépendants riches en diversité artistique. Pourquoi financer un seul organisme alors que de multiples festivals déjà établis dans la métropole, qui animent la ville tout au long de l’année, pourraient être impliqués? Ces derniers sont à bout de souffle et ce coup de main spontané aurait été assurément une belle occasion d’aider ces festivals à survivre dans cette réalité précaire. Nous pourrions imaginer un festival tel que le FAR - Festival des arts de ruelle en animation de rue, MAPP Montréal en mapping des façades de l’espace public, le Festival AfroMonde avec des spectacles hauts en couleur dans l’esprit d’un véritable carnaval ou encore une collaboration inédite avec MUTEK, le Festival BD de Montréal, le FIKA(S), les Francouvertes, et bien d’autres.

La culture est aujourd’hui un vecteur de développement économique crucial dans toutes les régions du Québec (note importante : quand nous nommons les régions, Montréal est considérée comme une région également). Présenter une offre artistique soutenue tout au long de l’année pour les citoyens et les touristes, tout en mettant en valeur les communautés de partout au Québec, est tout aussi important que de garantir des activités estivales à Montréal.

Qu’arriverait-il au Québec si les festivals artistiques indépendants disparaissaient les uns après les autres? Que deviendraient nos régions, leur vitalité culturelle, leur tissu social, leur développement économique et territorial? Qu’en est-il de nos jeunes en quête de découvertes d’événements artistiques auxquels ils n’ont pas autrement accès ?

Depuis des décennies, le Québec est reconnu partout sur la planète pour sa créativité culturelle. Cette unicité événementielle est sa marque de commerce. La faillite du Groupe Juste Pour Rire est terrible pour le secteur événementiel, tant pour les artistes que les professionnels qui y travaillent. Elle constitue cependant aussi une opportunité unique de faire ce que l'on fait de mieux : se réinventer, se remettre en question et trouver de nouvelles façons de faire.

Malgré les décisions prises par les décideurs publics, nous avons une occasion à saisir de nous unir et de collaborer pour offrir le meilleur aux Montréalais et Montréalaises, aux festivaliers québécois et aux touristes du monde entier qui viennent au Québec découvrir ce qui nous rend si unique: notre créativité.

Le REFRAIN est né au cœur de la pandémie dans un élan d'entraide et de solidarité.

Les festivals régionaux artistiques indépendants, c’est…
16 régions administratives
16 disciplines artistiques
10 000 artistes présentés sur scène annuellement
3 millions de festivaliers chaque année
325 employés permanents
2000 employés contractuels
9000 bénévoles
650 jours de festivités
210 millions en retombées économiques
Publicité